Les crevettes sont récemment arrivées
dans nos aquariums, elles ont été popularisées par le Japonais Takashi
Amano qui les utilise dans ses bacs pour limiter la pousse des algues
vertes et pour ramasser tous les petits déchets organiques inaccessibles.
Les Anglais les ont d’ailleurs surnommées Amano shrimp.
Il y a un gros
problème d’identification : les magasins vendent tout et n’importe
quoi sous le nom de Caridina ou Néo-Caridina : Il y a des « vraies
» Caridina japonica, originaires du Japon, mais souvent aussi des crevettes
« fantômes» qui ressemblent un peu aux Caridina quand elles sont petites
mais qui sont des Macrobrachium, dotées de pinces et agressives, qui
grandissent beaucoup. On achète aussi diverses Néo-Caridina, ou des
crevettes non décrites, venant par exemple de l’Ile Maurice, de la
République Dominicaine ou encore du Sri Lanka. les espèces qu’on trouve
actuellement appartiennent à deux grandes familles, les Palaemonidés
et les Atyidés.
Les Atyidés sont représentés par deux genres:
les Atya et les Caridina.
 
On peut reconnaître les Caridina aux petites taches
noires qui pointillent leur robe grise et à la ligne claire, bordée
de noir, sur leur dos qui relie la tête à la queue. Elles sont presque
transparentes, et leur couleur se modifie selon la nourriture disponible.
Elles peuvent être teintées de rouge ou de vert et même de reflets
jaunes. Les mâles sont plus petits, 3 cm environ et présentent des
petites taches noires et rondes alors que ces marques sont plus allongées,
formant des traits, chez les femelles. On reconnaît aussi celles-ci
à leur taille plus grande, jusqu’à 5 cm et très facilement quand elles
portent des œufs, bien visibles dans leur cavité abdominale.
Elles
sont nettement grégaires, dans la nature on les trouve en groupe comprenant
des centaines voire des milliers d’individus, on ne doit donc pas
en introduire qu’une ou 2 dans un aquarium, mais au moins une dizaine
et plus si possible. Attention de ne pas tenter de les faire cohabiter
avec des gros poissons prédateurs les Discus et Scalaires les mangent
très volontiers, de même que les grands Cichlidés et les Botia, qui
dans la nature se nourrissent essentiellement d’invertébrés, crevettes
et escargots.

Attention les crevettes muent régulièrement une fois
tous les mois ou tous les 2 mois, selon la quantité de nourriture disponible
et selon les paramètres de l’eau. Il leur faut une certaine dureté
pour réussir à reconstituer leur carapace ; on évitera donc d’introduire
des crevettes dans des bacs d’eau très douce et acide.
Attention aussi
de les acclimater lentement à leur nouveau bac, si on bâcle cette étape
on peut avoir une mortalité très importante dans les jours qui suivent
ou plus tard, lors des mues. Idéalement il faudraitt prévoir 2 heures
au moins, au goutte-à-goutte.

Faciles à nourrir, elles sont omnivores
et consomment les algues vertes et les déchets qui s’y déposent, restes
de nourritures et petits animalcules, elles se précipitent sur les
comprimés de fond destinés aux Loricariidés, et se jettent avec un
bel enthousiasme sur les vers de vase ou les larves de moustiques ainsi
que sur les daphnies vivantes ou congelées, qu’elles n’hésitent pas
à subtiliser sous le nez des poissons plus lents. On les verra aussi
faire disparaître complètement tout poisson mort.
Caridina "red chery" et Caridina "crystal red"

Caridina cf.babaulti « blue » et « green
» originaires d’Inde, elles portent un rostre caractéristique et semblent
plus difficiles à reproduire, les jeunes sont minuscules lors de la
naissance. Les femelles sont bien bleues et atteignent 3.5 cm, et les
mâles sont presque transparents, ils n'ont pas de bande sur le dos.

Caridina sp.tiger Originaire du sud de la
Chine,
apprécie une température entre 20 et 26 degrés et un pH entre 6,5 et
7,5. Les adultes font environ 3 à 3.5 cm pour les femelles, et portent
5 rayures noires qui entourent leur abdomen.
Caridina bumble bee, Caridina Serrata, de la Famille
des Atyidés, elles sont rayées de noir et portent souvent des œufs
brun clair. Elles mesurent 2,5 cm et ne s'intéressent pas aux aliments
pour poissons mais se nourrissent essentiellement d’algues.











Reproduction des C. japonica
On voit très souvent des femelles portant
des œufs, bien à l’abri sous leur ventre mais on ne voit jamais de
jeunes dans nos bacs… C’est normal ; d’abord parce que les larves à
la naissance sont très petites (environ la taille d’une nauplie d’artémia)
et qu’elles se font manger très vite par les poissons mais surtout
parce que leur développement réclame un passage en eau saumâtre.
Les Neocaridina appartiennent
à la famille des Atyidés. On trouve diverses espèces vendues des noms
plus ou moins fantaisistes, crevette cerise, abeille, tigre. Neocaridina
denticulata sinensis var. red sont proposées sous le nom de Red
cherry ou Crevette cerise. Elles apprécient un bac bien
planté, une température entre 18 et 28°C, idéalement vers 25°C, un
pH entre 6,5 et 8 et une eau assez dure : KH en dessus de 10.
Caridina sp. ’Crystal Red’ est
obtenue par une mutation récessive de la Caridina
sp. "Bee" sélectionnée
au Japon. Le corps est rouge avec des bandes blanches. Neocaridina
cf. zhangjiajiensis sp. "white pearl".
Elles
vivent et se reproduisent en eau moyennement dure, 15 à 25 dGH, pH
entre 6.5 et 7.5, température à 24 °C et sont très prolifiques. Leur
taille adulte est de 2 à 2.5 cm. Les femelles portent des gros œufs
ovales et blancs. La température peut être comprise entre 15 et 30°C,
le Ph et la dureté sont indifférents.
Reproduction des néo-Caridina
La femelle produit nettement moins d’œufs mais ils sont plus gros
et donnent naissance à des larves qui ressemblent aux adultes et peuvent
vivre et grandir en eau 100% douce, aucun passage en eau salée n’est
nécessaire.
S’il y a suffisamment de refuges dans le bac on trouve
régulièrement de nouvelles petites crevettes sans rien faire. Neocaridina
zeylanica. Les femelles peuvent être de bleu à rouge foncé alors qu’elles
sont transparentes quand elles sont jeunes. Le mêle est transparent
et plus petit que la femelle, qui peut être de diverses couleurs, selon
l’alimentation et selon le décor. Elle se nourrit d'algues, et grignote
volontiers les plantes. 
Les crevettes du genre Atya se rencontrent
uniquement en eau douce. Parmi la famille des Atyidés il existe 15
genres et 160 espèces, bon nombre étant élevés pour être mangées. Originaires
de Malaisie on les surnomme les crevettes cuivrées. Pour nos aquarium
les Atyopsis molluccensis sont tout à fait adaptées, elles ne mesurent
pas plus de 7 à 8 cm , tolèrent une température entre 24 et 30 degrés,
et un pH légèrement supérieur à 7 avec une eau plutôt dure. Elles ne
sont pas territoriales et on peut très bien en faire cohabiter plusieurs
même dans un aquarium d’une centaine de litres.
La crevette se place
dans le courant et qui capture des petites proies et des déchets flottants
avec ses membres antérieurs. En aquarium elle s’installe dans le rejet
du filtre, sur une plante ou accrochée sur un élément du décor et déploie
largement les éventails de ses pattes avant. Si elle ne parvient pas
à s’alimenter de cette façon elle ira fouiller le sable et chercher
à manger au sol.

Atyopsis gabonensis est un autre membre de la famille
des Atyidés, originaire du Cameroun. C’est une grosse crevette massive,
de couleur bleutée, qui n’a pas de pinces. On peut en conserver tout
un groupe dans un bac de 100 litres, elles ne sont pas agressives et
ignorent les autres habitants de l'aquarium. Elle peut mesurer de 10
à 15 cm et elle est omnivore, elle attrape des très petites proies
et divers déchets en suspension grâce aux éventails dont sont équipées
ses 4 premières pattes.
Certains Palaemonidés vivent en eau douce,
on peut facilement se procurer des Macrobrachium. Les Macrobrachium
lanchesteri ou M. lar, ainsi que M.idella Vendues toutes petites, mesurant
environ 2 cm on peut les confondre avec des Caridina si on ne les regarde
pas attentivement, elles sont parfois plus colorées, et leurs pinces
sont très longues et ont beaucoup de force.

Macrobrachium signifie
«grands bras». Les mâles sont assez territoriaux, et parfois agressifs
entre eux et envers les femelles. Elles sont faciles à nourrir car
elles mangent tout, et ont un odorat impressionnant, détectent très
rapidement toute nourriture jetée dans le bac, même à l’autre bout
de la cuve et arrivent très vite pour s’approprier une pastille ou
quelques granulés, tombés au sol ; s'il s'agit de vers de vase ou de
tubifex ça déclenchent une vrai frénésie.
Elles profitent des restes
de nourriture, déchets carnés, poisson mort et escargots et n’hésitent
pas à faire des bonds étonnants pour attraper un alevin ou un petit
poisson. Elles ne mangent pas d'algues, par contre elles chassent volontiers
au cours de la nuit, quand les poissons se reposent au sol et sont
endormis.
©VERONIQUE IVANOV avril 2006 |