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Petit polype deviendra grand…

 

 

Très souvent confondu avec une plante par le « grand public »,  le corail est pourtant un animal à part entière.
Ce que nous appelons communément « corail » est en réalité une colonie de polypes,Polypes sur Cycloserys à l’exception des coraux « solitaires » n’ayant qu’un seul polype comme les Fungia spp., Héliofungia spp.,  Cynarina sp. ou le Scolomia spp.

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Cycloseris se pose sur le sable et profite de sa forme pour que le courant guide les proies vers son orifice bucal.

 

Il ne faudrait donc pas considérer la colonie comme un animal unique mais bien comme un ensemble de polypes identiques en étroite relation.

Certaines de leurs capacités sont remarquables et ont en aquariophilie des applications appréciables comme le bouturage : la régénération d’une colonie à partir d’un petit morceau, voir d’un seul polype, permet de réaliser un bouturage simple et souvent réussi.

Le Polype.

Le polype d’apparence simple ressemble à une anémone miniature : c’est une vésicule cylindrique n’ayant qu’un seul orifice, à la fois buccal et anal, entouré de tentacules.
Cependant, la diversité morphologique ou la coloration des polypes sont des caractéristiques permettant  au moins une première identification des espèces.

 

-Les Octocoralliaires :

Polype de Xenia pumping

 

 

 

Ils ont 8 tentacules pourvus de pinnules (divisions latérales) qui leur donnent une apparence plumeuse. La cavité gastrique a 8 cloisons radiaires. Ils produisent souvent un squelette minéralisé (spicule siliceuse ou calcaire) qui leur assure une certaine rigidité. On y retrouve les Alcyonaires (coraux mous), les Gorgonaires (gorgones), les Pennatulaires (Plumes de mer), les Stolonifères (Tubipora musica) et les Téléstaires.

 

 

 

 


Polypes plumeux sur un Xenia

 

Polype chez Briarum
les 8 tentacules d'un Polypes de Pachyclavularia

 

-Les Hexacoralliaires :

Les polypes d'un goniopora rouge

 

Ils possèdent 6 ou un multiple de 6 tentacules (par exemple : 12 pour Alveopora sp. et 24 pour Goniopora sp.). Cette sous-classe des Anthozoaires regroupe l’ordre des Scléractiniaires (coraux durs), des Zoanthaires (zoanthus), des Actiniaires (anémones), des Cérianthaires (cérianthes), des Antipathaires (coraux noirs) et des Corallimorphaires (faux corail)

 

 

 

 

 

 

Un polype de Goniopora avec ces 24 tentacules
(si si comptez! :-)

 

Les 24 polypes d'un superbe Zoanthus bleu sur roche vivante en aquarium
Les 24 polypes d'un superbe Zoanthus bleu à coeur jaune sur pierre vivante dans l'aquarium récifal.

 


Coupe d'un polype

 


La zone allant de la bouche aux tentacules est appelée disque oral. La partie inférieure surmontant le squelette se nomme disque basal ou aboral.

La bouche se prolonge par un court œsophage, appelé stomodeum, en dessous duquel se situe la cavité gastro-vasculaire (coelentéron) dont d’étroits canaux partent vers les extrémités des tentacules.

Les mésentères se retrouvent au niveau de la surface interne du disque oral et se prolongent jusqu’à la colonne murale.
Ils portent les filaments mésentériques sortant par la bouche ou par des ouvertures temporaires de la colonne murale. Ils possèdent également des fibrilles musculaires influençant la contraction ou l’expansion des polypes.

Au sein d’une colonie, les polypes sont reliés entre eux par un tissu de connexion appelé coenosarque. Il est constitué par la superposition du tissu oral et du tissu aboral délimitant l’espace coenosarqual (prolongement du coelentéron).

Le coenosarque permet à l’ensemble des polypes de se comporter comme une réelle colonie, c’est-à-dire qu’il est à l’origine de la communication des polypes entre eux et qu’il rend possible le transport de matière organique ingérée, qu’elle soit dissoute ou particulaire, d’un bout à l’autre de la colonie corallienne

 

 

 

 


La nutrition.

Nous connaissons la capacité des zooxanthelles (algues symbiotiques) à fournir au corail qui l’héberge une partie des substances résultant de la photosynthèse.
Pour en savoir plus, je vous invite à lire l’article consacré aux zooxanthelles ici :Les Zooxanthelles sur recif du vendredi

Mais le corail reste un prédateur et la colonie profite également des éléments présents dans l’eau comme le zooplancton (animal), le phytoplancton (végétal), le bactérioplancton (bactéries) ou le pseudoplancton (aussi appelé neige marine) constitué des déchets provenant des restes de nourriture ou des fèces des poissons ainsi que des œufs flottant en pleine eau.

La nutrition des Polypes de corauxCes animaux, végétaux ou bactéries planctoniques peuvent être séparés en quatre catégories suivant leur taille : le macroplancton, le microplancton, le nanoplancton et le picoplancton. Seuls ceux faisant partie du macroplancton, comme les nauplii d’artémia ou les copépodes par exemple, sont visibles à l’œil nu.
La technique du corail, animal sessile, est d’attendre que la future proie soit amenée jusqu’à lui, et à l’exception de certains coraux comme le Xenia pumping capables de créer un flux d’eau pour capter les particules, il dépend de son environnement.


- l’eau amène le plancton vers les pinnules des octocoralliaires, qui agissent comme un filtre passif et captent les particules en fonction de leur taille

- l’eau transporte la nourriture vers le corail qui la piège grâce aux cnidoblastes

- la particule tombe sur la colonie par gravitation et est engluée par le mucus


- l’abondance de nutriments dans l’eau permet la diffusion à travers les tissus

 

 

 

La capture de la proie est facilitée par la présence de cnidoblastes : la cellule est composée d’un filament urticant, le Cnidocyste, enroulé autour d’un axe et baignant dans une substance toxique qui sera injectée dans les tissus de l’intrus ou de la proie. C’est la stimulation du Cnidocil qui provoque un signal électrique engendrant le déroulement rapide (3 millisecondes) du cnidocyste.

Le polype dun corail

Une fois la proie piégée, les tentacules ou les cils la conduisent vers la bouche pour finir dans le coelentéron où elle sera digérée par le suc gastrique produit par les filaments mésentériques.
Parfois, des filaments mésentériques sont éjectés pour permettre la digestion externe.

Les polypes des coraux produisent un mucus qui va engluer les particules ou les microorganismes en suspension dans l’eau.
Ce mucus est excrété entre les tentacules et le septe et réparti uniformément en une fine couche grâce aux cils. Lorsque des proies sont capturées, les cils changent le sens de leurs battements et ramènent mucus et nourriture vers la bouche, où ils seront digérés.
Le mucus a aussi d’autres fonctions importantes : protéger lors de l’exposition à l’air libre, éviter la prolifération d’algues ou l’accumulation de sédiments sur leurs tissus.

En plus du plancton qui amène les acides aminés, vitamines et autres éléments, le corail peut également se nourrir des nutriments dissous dans l’eau tels que les composés azotés (NH4, NO2, NO3) ou le carbone (C) dont il a besoin pour sa croissance. Ceci est possible grâce au transport de la matière organique dissoute directement au travers des cellules des tissus.

 

Les Polypes d'Acropora millepora

 

De manière à profiter au mieux de la nourriture à sa disposition, le corail étend ses polypes. Certains le font plus particulièrement la nuit, au moment où, dans les océans, la quantité de plancton est maximale. Cette extension est déclenchée en fonction de la luminosité, de la température, du taux d’oxygène ou encore du mouvement de l’eau autour du corail.
En plus de ces facteurs environnementaux, le corail a un atout important : des chémorécepteurs (récepteurs répondant à un stimuli chimique) qui lui permettent d’étendre plus ou moins ses polypes suivant la quantité de nourriture présente dans l’eau.
Les Tubastraea spp. sont un exemple de ces coraux ahermatypiques (sans zooxanthelles) qui chassent la nuit. Mais certains aquariophiles qui en possèdent les ont déjà vus tous polypes sortis en pleine lumière ! Eric Borneman suggère qu’ils s’adaptent ainsi en captivité afin de capturer la nourriture présente en plus grande quantité lorsque l’aquariophile nourrit les autres animaux du bac, bien souvent aux mêmes heures de la journée.
Ainsi, la quantité de proies ou de nutriments dans l’eau est capable de modifier le comportement alimentaire de l’animal, tout comme l’intensité lumineuse.
En effet, le corail placé sous une forte lumière recevra de ses zooxanthelles assez de nutriments et ne devra chasser que pour se fournir en composés azotés.
Si la luminosité vient à diminuer, le corail dont les polypes sont normalement rétractés durant la journée va être obligé de les étendre afin de compenser le manque de nutriments obtenus par la photosynthèse de leurs algues symbiotiques.

La calcification est le processus qui permet au corail de grandir. Celle-ci exige beaucoup d’énergie qui provient directement de la capture des proies et de la photosynthèse.
Mais la chasse aussi demande une dépense d’énergie : étendre les polypes, utiliser les cnidocystes, produire du mucus, digérer, etc.
Le corail dont les polypes restent fermés le jour ne permet pas aux zooxanthelles présentes dans les tissus du disque oral ou les tentacules de recevoir la lumière. Ils ne peuvent dès lors compter que sur les algues symbiotiques du coenosarque qui sont peu nombreuses ou sur l’absorption des nutriments dissous.
Dès lors, le corail devra trouver un équilibre entre l’extension des polypes ou non en fonction de la quantité de nourriture et de lumière à sa disposition.

La colonie de polypes sur un Montipora digitata rougePhoto 6

La reproduction.

Une grande majorité des coraux sont hermaphrodites et possèdent les deux sexes.
Ils pondent de manière saisonnière (au printemps) et en fonction de la température de l’eau et des phases de la lune (la pleine lune).

Il existe plusieurs formes de reproduction asexuée :

  1. La fragmentation qui est courante chez les coraux branchus comme Acropora sp. où une branche est brisée et tombe à côté de la colonie mère
  2. Le bourgeonnement, privilégié par les coraux se situant sur les fonds sableux (Catalaphyllia jardinei, Goniopora stokeisi, etc.)
  3. L’expulsion d’un polype fils (authocauli)
  4. La multiplication végétative (chez les Gorgones)
  5. La fission (chez les Xénia sp. ou les Sinularia, etc.)
  6. La lacération du pied (aussi chez les Xénia sp. ou les rhodactis, etc.).

La reproduction sexuée :


On distingue deux types de reproduction sexuée :
- certains coraux, dits ovovivipares, produisent des larves matures. Les ovules sont gardés au cœur de la cavité gastrique où ils seront fécondés par le sperme et où ils se développeront.
Ces coraux peuvent se reproduire tout au long de l’année.
- d’autres expulsent à la fois des gamètes mâles et des gamètes femelles. La fécondation et le développement embryonnaire ont alors lieu en pleine eau.


De l’œuf provient une larve ciliée et nageuse, appelée planula, qui se fixera à un support et donnera le polype.
Cette larve trouve dans l’eau des zooxanthelles qu’elle ingère pour se constituer une réserve.
Une fois la planula fixée et mature, les tentacules apparaissent et un squelette externe est formé.
Et c’est ainsi que petit polype deviendra grand et constituera une colonie à part entière.
Cette dernière va alors pouvoir se reproduire à son tour. Chaque polype de la colonie est issu d’une division intra ou extra-calcinale, c’est à dire d’une division interne du polype ou du bourgeonnement du polype existant.

Les fins polypes sur un Agropora

 

 

Les Cnidaires sont représentés par une dizaine de milliers d’espèces jouant un rôle considérable dans les écosystèmes marins grâce à la formation des célèbres récifs coralliens, souvent comparés aux poumons des océans.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Références :


- Aquarium corals, selection, husbandry and natural history; Eric H. Borneman
- L’Aquarium récifal. Manuel d’identification et de maintenance des invertébrés marins tropicaux, volume 1 ; J. Charles Delbeek et Julian Sprung
- Corals of the World; J.E.N Veron
- « Introduction aux récifs coralliens » ; http://users.swing.be/tsunami/recif.htm
- « Les Cnidaires » ; http://perso.wanadoo.fr/brunopicart/Textes/cnidaria.htm
- « Taxonomie et biologie des coraux » ; http://www.centrescientifique.mc


 

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