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Nourrir ses animaux

 

Voilà quelque chose d’évident, il faut nourrir ses animaux !!!! Tout le monde le sait, mais il s’avère certains aquariophiles nourrissent mal, voire en dépit du bon sens, leurs hôtes chéris. Voici quelques conseils pour nos hôtes marins par Matthieu Colombel.

 

Heterodontus portus jacksoni
Heterodontus portus jacksoni

 

Fréquence de nourrissage des poissons

Un poisson qui mange à sa faim est un poisson bien portant. Le ventre creux, les arêtes apparentes, ou au contraire, l’obésité ne sont pas les signes d’un nourrissage adéquat.

 

 Anthias squamipinnis

Tous les poissons ne demandent pas la même fréquence de nourrissage. Les Anthias, par exemple, demandent à être nourris plusieurs fois par jour. D’autres se satisfont d’un repas tous les deux jours. Il n’y a donc pas de règle définie surtout que les aquariums sont souvent communautaires, avec des poissons venant d’horizons différents avec des besoins différents. Il est cependant certain qu’un nourrissage régulier est important, ne pas nourrir ses poissons trop longtemps pour cause d’absence prolongée ou bien pour ne pas polluer l’eau d’un bac récifal est criminel !

Anthias squamipinnis

La bonne attitude est donc d’observer ses pensionnaires, leur comportement et surtout leur embonpoint. Il faut varier la fréquence de nourrissage en fonction de l’amaigrissement ou du grossissement des poissons.

Un poisson faible ou timide demandera plus d’attention, et peut-être plus de nourriture pour le fortifier. Un poisson gras pourra effectuer un jour de jeune par semaine sans pour autant porter préjudice à sa santé.

 

Quantités de nourriture

Chaetodontoplus-Conspicillatus

La quantité de nourriture distribuée dépend entre autres, des fréquences de nourrissage : il est possible d’augmenter les doses pendant une semaine avant un départ en vacances ou en week-end prolongé. Il est cependant déconseillé de gaver les poissons après un jeune prolongé. L’abondance de nourriture après un manque sensible peut engendrer des problèmes intestinaux ou gastriques chez le poisson. La réadaptation à la nourriture doit donc s’effectuer sur plusieurs jours en augmentant un peu plus les doses à chaque repas pour revenir à un régime alimentaire normal.

 

Chaetodontoplus-Conspicillatus

 

D’autre part, si on donne à manger trois fois par jour, les quantités doivent être plus petites que si les poissons ne mangent qu’une seule fois par jour. Il est cependant certain que la nourriture apportée dans l’aquarium doit être consommée en quelques minutes. La nourriture non ingérée par les animaux sera source de pollution (nitrates et phosphates) pour l’eau du bac. L’idéal est d’éviter que la nourriture s’éparpille aux quatre coins du bac ou bien tombe au sol. Pour ce faire, il est conseillé d’arrêter les pompes de brassage le temps du repas, et de distribuer la nourriture de façon fractionnée afin de ne pas avoir de « miettes » qui partent à volo. La nourriture aspirée par les pompes de brassage en fonctionnement ou par la surverse ne sera pas bénéfique au bac, donc prudence.

Poissons clown

Chaque poisson doit manger à sa faim mais il ne faut pas surdoser la nourriture pour un animal en particulier, il vaut mieux l’isoler ou bien effectuer des diversions pour que, même les plus timides ou les plus faibles, arrivent à consommer la nourriture proposée. Il est donc important de surveiller chaque repas pour étudier le comportement des animaux et déceler une éventuelle malnutrition chez certains poissons.

 

Amphiprion frenatus

Dans le cas de nourriture vivante (Artémias Salinas), le rinçage à l’eau est vivement conseillé. En effet, le liquide vitellin qui est contenu dans la boite de transport est très riche en substances nocives pour le bac (nitrates et phosphates, voir l’article Tests sur la nourriture sur www.recifduvendredi.org). Le mode opératoire est simple :


• Verser le contenu de la boite dans une épuisette à mailles fines.
• Passer l’épuisette et son contenu sous l’eau du robinet une minute.
• Donner ensuite la nourriture « propre » aux pensionnaires du bac.

 Oxycirrhites typus

 

De la même façon avec de la nourriture congelée (Artemias, Mysis, krills, mélange eau de mer, Oeufs de poissons, oeufs de homards etc….), il est indispensable de rincer le (ou les) bloc(s) pour deux raisons :
• La nourriture encore congelée peut provoquer des brûlures intestinales chez les poissons
• Cette nourriture congelée est, elle aussi, très riche en substances nocives (voir l’article Tests sur la nourriture sur www.recifduvendredi.org).

 

Oxycirrhites typus

 

 

 

 

Diversifier la nourriture

 

 cirrhilabrus solorensis

Une nourriture variée est très importante. Comme chez l’humain, des carences peuvent très vite apparaître si la nourriture n’est pas suffisamment variée. Manger tous les jours la même chose est synonyme d’ennui et de carence à plus ou moins long terme. Les aliments proposés dans le commerce ne possèdent pas tous les mêmes qualités nutritives et pas dans les mêmes proportions.
Il ne faut pas donc pas hésiter à distribuer de la nourriture différente, voire changer de nourriture tous les jours. De la nourriture vivante, congelée, variée, puis des paillettes et des granulés, des algues séchées, tout cela permet de maintenir ses poissons en bonne santé en captivité plus longtemps.

 

cirrhilabrus solorensis

En ce qui concerne les granulés et les paillettes, il existe plusieurs marques dans le commerce. Là encore, cela peut être utile de diversifier les marques pour que les poissons aient des repas les plus complets possibles.


• HAGEN et sa gamme NUTRAFIN Max propose des granulés de petite taille qui coulent lentement dans l’eau.
• JBL propose des granulés plus gros avec la gamme Mariperls.

Les granulés peuvent être très efficaces dans des distributeurs de nourriture. Plus lourds que les paillettes, ils tombent plus facilement dans le bac et sont moins sensibles à l’humidité.

Pour les paillettes, on retrouve les mêmes marques :
• HAGEN
• JBL avec la gamme Maris
• TETRA qui propose diverses paillettes pour l’eau douce mais que l’on peut utiliser en eau de mer.
• FRESH MARINE et ses fameux CYCLOP-EEZE qui redonnent des couleurs vives aux poissons.

 

 

Des besoins spécifiques

Certains poissons possèdent des besoins bien spécifiques en terme de nourriture, les chirurgiens notamment qui sont exclusivement herbivores pour la plupart. Il est fondamental d’apporter aux chirurgiens des aliments que leur appareil digestif puisse assimiler, mais surtout des aliments qui soient nutritifs pour ces poissons : des algues fraîches ou séchées. Les épinards ne sont pas très caloriques et les nourritures carnées ne « nourrissent » pas ces poissons. On peut avoir l’impression que le chirurgien mange goulûment mais cette nourriture ne sera pas assimilée par l’organisme. Le poisson reste maigre et développe des carences. Une absence d’algues dans l’alimentation entraînera inévitablement une perte de l’animal en quelques mois.

 Acanthurus leucosternonPour garder un herbivore en bonne santé plusieurs années, il faut donc lui apporter des algues séchées ou fraîches. Cela peut être de la caulerpe ou d’autres algues supérieures si les poissons aiment ça. Cela peut être des algues fraîches MARINE-LIFE qui peuvent se conserver plusieurs mois au réfrigérateur. On peut encore apporter des algues séchées type nori, ou bien des paillettes à base de spiruline comme dans la gamme NUTRAFIN Max de chez HAGEN.

 

Acanthurus leucosternon

 

Il se peut que certains poissons boudent la nourriture surtout quand celle-ci est « inédite ». La répétition des essais peut se faire à quelques jours d’intervalle. Il suffit qu’un poisson goûte et tous les autres suivront. Il faut donc persévérer, sans affamer les poissons, pour diversifier autant que possible la nourriture.

Lors de l’arrivée d’un nouveau poisson, il est préférable de lui donner pendant la phase d’acclimatation (quelques jours) la nourriture qu’il affectionne. Il faut donc, au préalable, faire manger le poisson chez le détaillant pour connaître son appétit et ses goûts. Une fois la phase d’acclimatation terminée, diversifier peu à peu la nourriture.

 

Nourrir les coraux

 Neopetrolisthes maculatusCe n’est pas indispensable pour la plupart d’entre eux. A part certains coraux non photosynthétiques, on peut se passer de nourrir les coraux. Ceci étant, une nourriture carnée peut améliorer le développement d’un animal. Il est relativement facile de nourrir les coraux durs à gros polypes (LPS) avec des nourritures de taille conséquente : moules, crevettes, calamars mais aussi artémias, mysis ou krills congelés. Les granulés Prima Discus de TETRA sont aussi très appréciés par les LPS. Dans tous les cas, le mode de nourrissage est le même. Poser délicatement la nourriture sur les polypes de l’animal et attendre que celui-ci accepte la nourriture en la ramenant à sa bouche. Si l’animal n’en veut pas, ne pas insister et recommencer quelques jours plus tard avec éventuellement une nourriture différente.

 

Neopetrolisthes maculatus

Le souci majeur est l’attaque des aliments par des « prédateurs » tels que les poissons, les crevettes ou bien les ophiures et les nanards, l’ingestion des aliments par les LPS étant très lente. Il faut donc essayer de protéger l’animal nourri pendant toute la durée du repas, que ce soit en faisant l’ « épouvantail » autour, ou bien en protégeant l’animal dans un récipient inaccessible pour les prédateurs.

Le cas de Tubastrea sp. est un peu particulier car il demande une nourriture quasi-quotidienne. Le mode opératoire est le même mais doit se reproduire presque tous les jours, cela devient donc très vite fastidieux. Le but est de nourrir tous les polypes individuellement pour assurer une croissance et un épanouissement maximums. Une fois réglé, Tubastrea sp. s’ouvrira tous les jours à l’heure du repas. (voir l’article Tout sur les tubastreas sur www.recifduvendredi.org).

Les nourritures liquides pour les SPS me semblent utiles uniquement dans le cas où l’écumeur est arrêté, sinon il produit plus d’écume en « récupérant » toute la nourriture distribuée. De plus, cette nourriture peut être très riche en substances nocives donc doit être utilisée avec modération.

Nutrition du Corail : Mythe et Réalité

par Fabrice POIRAUD-LAMBERT

Depuis que je suis aquariophile marin, j'entends dire que les coraux hermatypiques (possèdant des Zooxanthelles ou micro algues symbiotiques) ont uniquement besoin de lumière pour vivre. Il est étonnant de voir à quel point certaines idées ont la vie dure, même lorsqu'un grand nombre d'amateurs a pris conscience que certains coraux se développent plus ou moins vite en fonction de la qualité de leur eau, certains se développant d'autant plus vite que l'eau est chargée en nutriments dissouts. Voici donc une synthèse qui ne traite que de la nutrition du corail.
 

Il est généralement accepté que les coraux durs à petits polypes vivent et dominent dans des eaux très pauvres en nutriments (encore faut-il relativiser : nous ne parlons ici que de pauvreté relative en composés organiques dissouts. Des calculs démontrent par ailleurs que la masse de nourriture potentielle disponible dans l'eau entourant les récifs est de loin supérieure à ce que nous aurions dans nos bacs : en rapportant les proportions à un bac de 400 litres, cela nous donnerait 280 g par 24 H !... Source : Hamner & Al, 1988, bulletin of Marine Science. 42:459-478; R. Shimek). Etant donné les besoins des autres espèces de coraux, il semble que cela soit surtout dû au fait que si l'eau était plus riche en nutriments (dissouts), les espèces SPS (Coraux durs à petits polypes) seraient rapidement vaincues par les coraux durs à longs polypes (LPS - urticants à long rayon d'action), par les coraux mous (urticants, dégageant des toxines, et ayant une vitesse de croissance beaucoup plus élevée que les SPS du fait de l'absence de squelette calcaire à construire), ou tout simplement par les algues !

Il est accepté par un certain nombre de spécialistes que même les coraux SPS ont des besoins nutritionnels qui dépassent la simple photosynthèse, qui ne permet que d'assurer 70% de leurs besoins (sujet traité avec beaucoup plus de détails dans les articles et livres proposés en bas de cette page). Des données indiquent que 40% des produits fournis chaque jour au corail par ses Zooxanthelles sont transformés en mucus, que les coraux utilisent comme un piège à bactérioplancton. Une étude réalisée par Sorokin montre que la consommation de bactérioplancton fournit aux coraux entre 8 et 25% des besoins respiratoires, soit entre 1 et 10% de la biomasse totale de l'animal par jour.. Ce mode d'alimentation est comparable, nutritionnellement parlant, au résultat de la capture de petits crustacés (zooplancton), en dehors du fait que la chasse consomme infiniment plus d'énergie (ne serait-ce qu'à cause de l'énergie dépensée pour maintenir opérationnels jusqu'à 10 000 nématocystes par cm carré !). Si la majorité des coraux se nourrit de bactéries, il semble que ceux qui dépendent le plus de cette source d'énergie sont : Acroporta, Pavona, Goniopora, Favites, Symphyllia, Leptastrea, Tubastrea, Seriatopora, Pocillopora, Montipora, Porites, Hydnophora, Turbinaria et Zoanthides. D'une manière générale, plus le corail est producteur de mucus, et plus il dépend énergétiquement des bactéries qui viennent consommer cette manne alimentaire. Il est intéressant de constater que près de la moitié des bactéries identifiées dans le mucus sont des Vibrio, bactéries incriminées lors des maladies des coraux, mais qui ne deviennent fatales que dans certaines situation de stress.

En synthèse, si l'on schematise les processus d'alimentation des SPS, 70% provient des Zooxanthelles et de leur photosynthèse, 20% de la chasse (Zooplancton), et 10% du bactérioplancton ( via le mucus) et de la consommation des composés organiques dissouts.
Source fondamentale de nourriture : les Zooxanthelles
 
Zooxanthelles et nutition du corail

 

 

Le schéma suivant (selon Sorokin) montre l'interaction qui existe entre une cellule de corail et une Zooxanthelle. Ce shéma est valable pour tous les coraux hermatypiques :

Comme écrit plus haut, ce schéma indique comment une partie des produits de la photosynthèse se traduit (à 40%) sous forme de Mucus, qui a, on le verra, un rôle de piège à BactérioPlancton.

Il est fascinant de constater qu'alors que nous pensions globalement jusque là qu'il n'existait qu'une sorte de Zooxanthelles, ou du moins que les variations d'espèces ne valaient pas tellement la peine de s'y pencher, il existe actuellement une thèse (Eric Bornman, voir référence en fin de page) qui explique que différentes espèces de Zooxanthelles pourraient permettre, en cohabitant dans un seul corail, soit :
- d'obtenir une production alimentaire optimisée en fonction de la lumière disponible (certaines Zooxanthelles étant plus productives sous moins de lumière que d'autres)
- de limiter les effets ou l'importance des Blanchiements en s'adaptant mieux pour certaines aux perturbations climatiques.

La densité de Zooxanthelles peut être extra-ordinaire, avec des densités variant généralement entre 1 000 000 et 5 000 000 algues unitaires par cm2 dans les tissus des coraux durs! Certains coraux mous tels les Xenia, Sarcophyton ou Litophyton peuvent héberger des densités sensiblement supérieures (Eric Bornman)

A quoi sert le Zooplancton ?

En dehors de nourrir les poissons, le plancton semble être un apport nutritif de choix pour les coraux, même lorsqu'ils sont hermatypiques. De nombreux débats ont lieu sur ce sujet depuis que les coraux sont hébergés en aquarium ou qu'ils sont étudiés dans la nature, et face à ceux qui suggèrent que les Zooxanthelles suffisent à nourrir les coraux hermatypiques, ceux qui prônent le nourrissage avancent les arguments suivants. Il est intéressant de noter que ce sujet rejoint quelque part celui de mon autre article sur l'écumage.
 
Selon Delbeek et Sprung, les coraux hermatypiques se nourrissent de tout ce qu'ils trouvent (plancton, bactéries, détritus et matières fécales de poissons (Sorokin, 1973; Schiller and Herndl, 1989)). D'autres encore peuvent directement absorber les hydrates de carbones qu'ils trouvent dans l'eau (Stephens, 1962). Chaque corail peut adopter un type particulier de nourrissage. Même si les coraux peuvent se nourrir, les auteurs soulignent le danger de nourrir trop, les bacs récifaux permettant normalement de fournir une partie de cette alimentation supplémentaire.
 
Un autre auteur, Ronald L. Shimek, décrit la morphologie des coraux et insiste sur le fait que si les coraux hermatypiques possèdent des nématocystes en grand nombre (sorte de micro-harpons empoisonnés, qui jaillissent des coraux sous des pressions allant jusqu'à 155 Kg/cm2, et qui sont déclenchés soit par la proximité d'une proie, soit par les effluves chimiques, des stimuli nerveux, etc...), c'est bien pour pouvoir chasser, car sinon l'énergie dépensée à les fabriquer et à les utiliser serait inutile. D'aucuns pourraient argumenter que les nématocystes servent à la défense, mais R. Shimek cite une méduse marine vivant dans un lac d'eau filtrée par les porosités des récifs environnants, qui ne n'en possède aucun, la méduse ayant muté afin d'offrir plus de place aux Zooxanthelles, l'eau ne contenant pas de Zooplancton. Comme les Coraux durs ne montrent pas de telles mutations, il en déduit qu'ils utilisent les nématocystes comme des armes de chasse. Il cite même un corail dur hermatypique (Leptoseris fragilis) qui à muté afin de pouvoir manger en continu, ce que les autres cnidaires ne peuvent faire puisque leur bouche leur sert aussi d'anus. Il semblerait même que des espèces comme celle des Goniopora se nourriraient moins via la photosynthèse que via d'autres méthodes. Ceci explique peut-être pourquoi les Goniopora se trouve souvent en Mer Rouge par exemple en dessous de 10 mètres et jusqu'à 25/30 mètres, et qu'ils ne tiennent pas dans des bacs trop écumés. Il conclut en disant que les Zooxanthelles peuvent fournir 100% de l'énergie nécessaire à la survie des coraux, mais que les nutriments additionnels peuvent aussi apporter 100% de ces besoins et que pour grandir et réparer ses blessures, les coraux ont besoin de plus de 100% de leurs besoin vitaux.
 
Dans un autre article, Ronald L. Shimek démontre que l'on trouve entre 30 et 40 acides aminés différents dans les coraux, et que combinés entre eux, ils forment des protéines. Or, les acides aminés sont des acides organiques associés à de l'azote, et la photosynthèse ne produit strictement aucune source d'azote aux coraux... Donc, il existe d'autres moyens :
- des produits azotés traversent les Zooxanthelles et pénètrent à travers les tissus des coraux, mais cet apport ne peut être que faible,
- la consommation de proies vivantes leur apporte à la fois des produits azotés et des matériaux de construction (calcium, minéraux) en grandes quantités, via leurs carapaces et arêtes. Selon Shimek, les produits de la chasse apporteraient une part non négligeable du carbonate de calcium nécessaire à la croissance des coraux...
 
Parmi les auteurs qui publient volontier sur Internet, Eric BORNEMAN décrit dans une série d'articles sur Aquarium.net, une théorie fort intéressante sur la coloration des coraux, qui rejoint les théories ci-dessus. Il confirme ainsi que les pigments qui aboutissent à la coloration des coraux ne peuvent être obtenus que par une alimentation autre que la photosynthèse. Il avance alors l'hypothèse que lorsque l'on met un SPS très coloré dans un bac très écumé, si le corail tourne rapidement au marron, c'est essentiellement parce que la principale source d'alimentation est alors la photosynthèse, et qu'il n'obtient par là aucun pigment.S'il n'écarte pas le fait que la lumière semble avoir une incidence non négligeable sur ce point, il insiste sur le rôle important des compléments nutritifs.
 
Dans le Volume 2 de The Reef Aquarium (p. 52 et suiv.), Delbeek et Sprung apportent d'autres informations cette fois-ci relatives aux coraux mous (octocoralliaires), en citant des études qui démontreraient que beaucoup de coraux mous (il existe cependant des exceptions à l'inverse) ne peuvent pas survivre à l'aide de leurs seules zooxanthelles et qu'ils ont besoin soit de prélever des nutriments dans l'eau, soit de chasser, soit les deux. Ils citent aussi les travaux de Best, (1988) qui démontrent que l'Alcyonium digitatum ne devrait sa belle couleur orange qu'aux caroténoïdes contenus dans leur nourriture à base de Dinoflagellées. Toujours selon eux, la quantité de Phytoplancton serait supérieure sur le récif à celle du zooplancton.
 
J.E.N. Veron ne se pose quant à lui pas la question de savoir si les coraux chassent ou pas : c'est une simple évidence dont il décrit le mécanisme, sans faire d'hypothèse concernant la coloration. Si tout le monde semble d'accord pour dire que les coraux, durs ou mous, ont besoin de compléments nutritifs à la photosynthèse, l'aquariophile récifal, dans sa volonté d'approcher le plus possible les conditions naturelles optimales, ne pourra que s'interroger sur la méthode à utiliser, sachant que l'on ne peut guère espèrer maintenir du Zooplancton sans maintenir aussi sa principale nourriture : le Phytoplancton...

Le point sur les besoins de nourritures hétérotrophiques

Afin de donner une idée plus précise du mode de nutrition des coraux, voici quelques informations fournies par Sorokin :

Le tableau ci-dessous représente la synthèse d'estimations expérimentales sur la nutrition hétérotrophique des coraux communs sur les récifs de l'Ile d'Héron. La concentration de nourriture dans les bacs d'expérience était : Matériaux Organiques Dissouts (MOD) : 0,3 mg C l -1; Bactérioplancton : 0,2 mg C l -1; nauplii : 0,35 mg C l -1. A représente la nourriture assimilée et M la respiration du corail (nourriture consommée pour cela), les deux en µg C g-1j-1 (soit en millionième de gramme de carbone de nourriture absorbée par gramme de biomasse de polype par jour).

Prédation

Prédation

Bactério-plancton

Bactério-plancton

MOD

MOD

Total

A

A/M %

A

A/M %

A

A/M %

A/M %

Acropora pulcra

161,3

105

33,8

22

44,7

52

179

Acropora squamosa

87,5

83

36,5

35

62,5

60

178

Acropora palifera

38,7

35

10,8

10

33,5

30

75

Pocillopora damicornis

176,4

110

31,8

20

44,7

28

158

Stylophora pistillata

170,3

106

39,7

25

45,2

28

159

Seriatopora hystrix

163,6

93

37,9

22

50,9

29

144

Montipora erythraca

52,4

21

28,9

12

52,6

21

54

Porites annae

37,8

46

23,1

27

32,9

40

113

Psammocora contigua

32,2

29

7,5

7

23,3

21

57

Cyphastrea seralia

36,6

30

12,8

11

10

8

49

Leptastrea transversa

43

46

74,9

84

28

31

161

Achrelia horrescens

48,6

54

19,2

15

46,5

52

121

Merulina ampliata

32,6

24

14

11

23,1

17

52

Goniopora tenuidens

33,1

30

11,8

13

21,1

23

66

Galaxea fascicularis

54,6

59

17,4

19

42,9

47

125

Goniastrea pectinata

51

55

4,6

5

16,2

17

77

Echinipora lamellosa

56,6

56

7

7

24,1

25

88

Turbinaria danae

53,9

64

11,3

13

17,6

21

98

Favites abdita

37,3

72

26

50

16

31

153

Lobophyllia sp.

38,3

31

9,2

15

28

22

68

Fungia scutaria

70,5

64

21,5

19

26

24

107

Tubastrea sp.

176,3

280

84,3

133

44,4

70

483

 

"Ceci révèle que la plupart des coraux durs étudiés sont des prédateurs actifs. Lorsque le taux de nourriture dans l'eau est optimum, ce qui est presque le cas à la nuit tombée, nombreux sont les coraux qui peuvent alors compenser plus de 100% de leur dépense énergétique. Les plus grandes valeurs sont enregistrées chez les coraux ramifiés avec de petits polypes : Acropora, Pocillopora, Stylophora. Leur ration de nourriture, en 40 minutes, va de 16 à 25 µg C g-1 et le taux d'assimilation (A) de 160 à 250 µg g-1j-1 . Calculé par unité de biomasse de polypes, leur assimilation de proies par jour va de 2 à 8%. Le Ration A/M excède souvent 100%. Cela signifie qu'avec une nutrition hétérotrophique (ndt : apportée de l'extérieure) à base de Zooplancton seulement, à la concentration de 1 à 3 g m-3, ces coraux pourraient acquérir l'énergie suffisante pour vivre. Dans les mêmes conditions, les coraux à moyens polypes ne peuvent compenser que 25 à 50% de leur dépense d'énergie. Le prédateur le plus active parmi les coraux testés, était le corail ahermatypique Tubastrea sp. Son ratio A/M atteint 200 à 280 %." . Sorokin.

Il est clair que dans un aquarium ou sur un récif où la quantité de nourriture est plus faible que l'optimal, la dépendance du corail se reportera plus sur le résultat de la photosynthèse. Il est aussi intéressant de noter que la chasse et donc l'utilisation des cnidoblastes ou nématocystes entraine une dépense énergétique énorme comparée aux deux autres modes d'alimentation hétérotrophes.

Si nos aquariums ne contiennent guère de Zooplancton, probablement parce qu'il n'y en a pas à l'origine dans notre eau de synthèse, en raison de nos techniques de maintenance (filtres ou écumeurs) et parce qu'ils n'y trouvent pas leur nourriture (phytoplancton), il ne faut pas pour autant oublier le bactérioplancton et les matières organiques dissoutes, ces dernières étant beaucoup plus présentes dans nos bacs que sur les récifs. Avec une capacité à profiter à la fois de la photosynthèse et des sources de nourritures hétérotrophes, les coraux ramifiés (branchus) à petits polypes ont donc un formidable avantage sur les autres, qu'ils exploitent avec des vitesses de croissances très rapides pour certains (jusqu'à 25 cm par an en Australie pour certaines espèces).

Le manque de Zooplancton dans nos bacs et la dépendance particulières des SPS hermatypiques sur ce type de nourriture explique pourquoi ces coraux nécessitent en compensation des sources de lumières plus intenses que les autres pour être maintenus avec succès.

Bibliographie

* Delbeek et Sprung, 'The Reef Aquarium' Vol. 1 & 2
* Ronald L. Shimek,'Feed your Corals' (Aquarium.net)
* Ronald L. Shimek , 'Why and What : Foods, and feeding in Aquarium Coral Husbandry' (Aquarium.net)
* Ronald L. Shimek , 'The Why's and How's of Sand Beds', www.reefs.org
* Eric Borneman, 'Pocillopora - the Cauliflower Coral - Coloration pt. 1' (Aquarium.net)
* Eric Borneman, 'Bird's Nest Coral... Feathers Not Includes - Coloration pt. 2 ' (Aquarium.net)
* Eric Borneman, 'The Elusive Bleu Tipped Acropora - Coloration pt. 3 ' (Aquarium.net)
* Eric Borneman, 'Corals & Bacteria : Good or Bad', 10/05/98, www.reefs.org
* Eric Borneman, 'Getting Up-To-Date on Zooxanthellae' (Aquarium.net)
* J.E.N. Veron, 'Corals of Australia and the Indo-Pacific'
* Youri Sorokin, 'Coral Reef Ecology'

 

Nourrir d’autres invertébrés

Les ophiures, nanards et autres crevettes n’ont pas besoin d’être nourris spécifiquement. Les « détritivores » se satisfont des restes laissés par les poissons, de leurs fèces ou bien de la microfaune trouvée dans les pierres vivantes.

Stichodactyla rouge

 

Les anémones peuvent être nourries de la même manière que les LPS. Les nourritures carnées sont généralement acceptées mais l’animal ne doit pas être forcé en cas de refus.

 

La fréquence de nourrissage d’une anémone peut influer sur la taille de celle-ci. Plus on la nourrit, plus elle grossit rapidement. Cette distribution sporadique de nourriture peut éventuellement entraîner une régression de ses déplacements dans l’aquarium.

 

La nourriture doit être placé délicatement au bord de son orifice bucal dans les trentacules, l'anémone doit d'elle même véhiculer sa pitance pour l'ingerer. Cela permet d'éviter des blessusres de l'animal et les éventuels phénoménes de rejet.

 

Alors, à table !

 

 

Matthieu COLOMBEL pour Abrisousroche.com
Photos François Lardat.

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